Le temps c’est de l’argent

Les beaux discours ne suffisent pas à justifier un projet de cet envergure, il doit aussi être « rentable » pour la société dans son ensemble. L’étude socio énconomique est là pour nous expliquer les gains sonnants et trébuchants que le métrocâble nous apportera. En très grande partie ce sont des minutes gagnées converties en € qui nous donne des gains estimés au total à pas moins de 112 millions d’euros ! On savait que le temps c’était de l’argent, nous en avons la démonstration sous nos yeux ! ( plus de détails page 48 ).

Devant ce magot, on peut se demander qui sera sur le podium du contre la montre :

  • n°1 : les usagers actuels des transports en commun qui comptent dans l’étude pour 93 % des usagers du métrocable ( usagers forcés à l’utiliser puisque leur ligne de bus habituelle sera détournée ou supprimée ).
  • n°2 : les nouveaux usagers des TC, estimés à 300 voyages/jour .
  • et n°3 : les usagers reportés de la voiture et marche récoltent aussi des miettes vu leur faible nombre. On découvre au passage que le métrocâble devrait faire éviter 150 véhicules à sa mise en service autant dire rien comparé au 18 000 véhicules qui traversent la rive gauche tous les jours.

Voilà en résumé le gain le plus important du projet, les autres, gain effet de serre, sécurité, bruit… sont à la marge.

Cependant, ces résultats sont à remettre en cause pour plusieurs raisons :

  • les fréquentations simulées par le SMMAG sont irréalistes au regard de la fréquentation actuelle des bus reliant les rives droite et gauche à la presqu’ile, d’où pourront bien venir les supposés 4300 voyages/jour d’usagers actuels, on se le demande !
  • l’estimation de seulement 300 voyages/jour de nouveaux usagers ( 1000 à terme ) illustrent bien le très faible report modale attendu
  • les gains de temps ( estimé à 6 min en moyenne pour tout type de trajet ) sont questionnables notamment pour les usagers qui auront une nouvelle correspondance à effectuer ( les usagers du 54 et C6 notamment ) et on remarque que le vélo n’est pas pris en compte dans l’étude.
  • et point encore plus choquant, l’étude date de mai 2021, soit avant l’annonce de l’arrêt de la partie Sassenage des portes du Vercors, les 7700 voyages/jour à terme sont à remettre en cause

L’estimation est donc à revoir et ce projet risque d’être beaucoup moins, voire pas du tout rentable. Comme quoi l’argument de l’image reste bien le seul ( page 44 ) et il est bien maigre pour une métropole où les besoins en transports en communs sont criants sur certains axes.

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