Chronique d’une mort annoncée

L’avis défavorable de la commission d’enquête signe cette fois sans doute de façon définitive l’arrêt de mort du projet de liaison par câble grenoblois.

L’avis, parfaitement documenté, démontre de manière implacable l’incurie d’un projet conçu comme une plaquette publicitaire. Nous ne reviendrons pas sur les arguments techniques déjà largement développés ici.

Une phrase du rapport a été particulièrement commentée : “Comment un projet si peu consensuel, présenté comme structurant pour les transports en commun du secteur nord-ouest de l’agglomération, a-t-il pu arriver en l’état jusqu’au stade de l’enquête publique ?

La réponse est simple : les élus en charge n’ont eu de cesse d’ignorer les avertissements et de contourner ou détourner les étapes de concertation qui leur auraient permis de renoncer à temps ou éventuellement d’amender le projet.
Ce qui éclate au grand jour avec ce rapport des enquêteurs, c’est en effet le manque de rigueur (voire l’incompétence) avec lequel ce projet a été mené.

En 2020, après la signature du contrat de conception-réalisation-maintenance. Comment ces brillants décideurs pouvaient-ils ignorer tous les griefs qui ressortent aujourd’hui dans le rapport d’enquête ?

On se rappellera de toutes les concertations où l’association qui promeut les transports en commun dans la région à rendu des avis réservés puis négatifs mais jamais pris en compte, des “ateliers” sur la “couleur des cabines”, des dérogations inventées pour s’affranchir des contraintes de risque d’inondation, ainsi que du mépris et de la condescendance avec lesquels était traitée toute opposition lors des réunions publiques.

A trop jouer avec le feu on finit par se brûler les doigts: les promoteurs du métrocâble viennent d’en faire la cuisante expérience.

Avec cet avis défavorable, qui fait suite à un rapport sévère de la Chambre Régionale des Comptes en 2019, puis à un avis, non moins sévère, de l’Autorité Environnementale en 2023, on ne voit pas comment le Métrocâble pourrait encore obtenir l’indispensable sésame : la déclaration d’utilité publique (DUP).

Mais, aujourd’hui, ce qui nous semble préoccupant, ce n’est pas l’avenir de ce projet qui nous paraît désormais scellé, ni la façon dont  les amis d’hier et ennemis d’aujourd’hui vont se partager la responsabilité de cette gabegie. 

Non, ce qui nous semble inquiétant, ce sont les attaques répétées des présidents du SMMAG et de la métropole contre les “lourdeurs administratives” (l’enquête publique est bien évidemment visée), lesquelles se sont avérées être les seuls contre-pouvoirs démocratiques (alors qu’elles ne sont pas vraiment censées l’être) à même de se faire entendre par les élus.

Pour l’instant encore, et heureusement, il ne suffit pas de quelques sondages dans le Dauphiné Libéré pour décider de la pertinence d’un projet.

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