L’avis extrêmement critique de l’Autorité Environnementale et l’annulation du projet d’urbanisation Portes du Vercors auraient dû suffire à envoyer aux oubliettes le Métrocâble Grenoblois, en tout cas pour le tracé actuellement proposé.
La question a été posée à Christophe Ferrari, président de Grenoble Alpes Métropole et invité du QG politique de Télégrenoble le 5 mai dernier (passage sur le métrocâble à 49′).
Sa réponse est sans détour, presque menaçante : “Je ferai TOUT pour qu’il voit le jour, le message est extrêmement clair de mon coté“.
Jusqu’où ira-t-il donc pour son métrocâble ?
Il commence par confirmer les véritables objectifs que la Métro poursuit depuis le début : faire du Métrocâble la vitrine verte de la technopole Grenobloise (Green Grenoble, souvenez-vous):
– soutenir le constructeur “bio-local” POMA
– rester dans le haut du tableau de la compétition nationale pour l’image de la ville la plus techno-écolo (alors qu’on s’est déjà fait damer le pion par Toulouse en ce qui concerne le téléphérique urbain)
Entre les lignes, c’est le projet initial dans sa totalité qu’il veut voir se réaliser : le câble, potentiellement jusque dans le Vercors, et le projet Portes du Vercors (sinon pourquoi faire voter une résolution en conseil métropolitain pour demander la révision du PPRI aussi tôt que possible?)
La ZFE est appelée à la rescousse, imaginez, ces pauvres habitants du Vercors, qui travaillent à la presqu’île, pourront laisser leur véhicule en limite de ZFE et prendre le câble (on avait déjà débunké cet argument dans ce blog). Par contre, les habitants des quartiers populaires de Fontaine, qui sont sommés de se débarrasser de leur vieille voiture, et qui ne travaillent pas à la Presqu’île, ne sont pas mentionnés…
Et parce que ça fait toujours bien, le président Ferrari invoque la transition écologique, même si la MRAE a montré que les gains escomptés sont dérisoires.
Alors, ça a au moins le mérite de clarifier un point : ce projet n’est pas fait pour les usagers. Christophe Ferrari ne prend même pas la peine d’en justifier le besoin, et l’on sait que pour beaucoup d’usagers (en particulier en rive gauche du Drac) ce serait plutôt une régression.
Tout cela nous paraît assez consternant, mais le pire est à venir.
Comme Sylvain Laval il y a quelques semaines dénonçant des “lourdeurs administratives”, Christophe Ferrari se plaint du “temps du papier, plus long que le temps du projet” et indique avoir écrit au Ministre des transports Clément Beaune : “si on veut faire la transition, on a besoin d’assouplir un certain nombre de procédures. #AccélérerLesTransitions“.
Ces procédures qui posent problème à M. Ferrari, rappelons qu’elles correspondent à des contre-pouvoirs qui sont là justement pour empêcher les élus de faire comme bon leur semble.
On peut citer dans l’affaire qui nous intéresse la Mission Régionale de l’Autorité Environnementale, les Enquêtes Publiques (celle sur le PPRI et celle à venir sur le câble), mais également la Chambre Régionale des Comptes qui déjà épinglait le Métrocâble à l’automne 2021.
Toutes ces institutions n’ont eu en réalité comme seul défaut que de contrarier les ambitions métropolitaine et de son président dans ce secteur Nord-Ouest, en dénonçant le manque de pertinence du projet.
Ce n’est pas une raison pour vouloir les faire disparaitre ! (ou les remplacer par des sondages en ligne du Dauphiné Libéré).
Plutôt que d’appeler le Ministre à son aide, comme il avait précédemment fait pression sur la préfecture, M. Ferrari devrait accepter que ce projet n’est tout simplement pas le bon projet au bon endroit.
Revenir à des procédures de décision plus démocratiques est nécessaire et promu par la métropole. En voulant imposer ce projet dont il fait désormais une affaire personnelle, M. Ferrari glisse vers une pratique du pouvoir autoritaire qui nous parait inquiétante.